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Prothèses dentaires : patients et santé publique au cœur du débat

Prothèses dentaires : patients et santé publique au cœur du débat Prothèses dentaires : patients et santé publique au cœur du débat

Prothèses dentaires : patients et santé publique au cœur du débat

Les prothèses dentaires constituent aujourd’hui une problématique de santé publique importante, qui concerne de plus en plus de patients, notamment parmi les personnes âgées.
Pour faciliter l’accès à ces dispositifs, les denturistes représentent une solution nouvelle en France.

Du fait du vieillissement de la population française, les ministères de l’économie et de la santé estiment que les plus de 60 ans représenteront 20 millions de personnes d’ici 2030, contre 15 millions à l’heure actuelle. Le nombre de Français âgés de 75 à 84 ans devrait lui augmenter de 50%, passant de 4,1 millions en 2020 à 6,1 millions. D’après le Centre de recherche pour l’observation et les conditions de vie, cette population représente un marché important, la silver economy, qui générait déjà un chiffre d’affaires de 130 milliards d’euros en 2020.

Parmi cette catégorie de la population, de plus en plus de personnes âgées résident dans des maisons de retraite : ils étaient 611 000 fin 2019 selon la DREES, et ce chiffre continue d’augmenter, ainsi que l’âge moyen des résidents. Toujours fin 2019, la moitié des résidents avait plus de 88 ans, soit 7 mois de plus qu’en 2015.

Des besoins médicaux accrus

« Les besoins médicaux de la population vont augmenter de façon exponentielle et notamment en ce qui concerne les prothèses dentaires », en tant que spécialiste du sujet et délégué pour la France de la Fédération Internationale de Denturologie. « Récemment, une étude a estimé que dans la tranche d’âge des 64-74 ans, 16,3 % des personnes avaient une prothèse adjointe complète uni-maxillaire et 14,3 % une prothèse bi-maxillaire, indiquant l’édentement complet respectivement d’une et deux arcades.» Et lorsque l’on se focalise sur les maisons de retraite, ce chiffre fait un bond : « Dans la plupart des établissements de classe moyenne, qui représentent la majorité des établissements en France, on peut estimer qu’environ 60 % des résidents sont porteurs d’une prothèse dentaire amovible », souligne la professeure en neurobiologie Annick Barthelaix du CHU d’Angers, qui s’est spécialisée sur le vieillissement.

IFD – Fédération Internationale des Denturologistes a le statut consultatif en tant qu’organisation non gouvernementale auprès des Nations Unies.

Travailler pour des denturistes du monde entier
Reconnaissance pour les denturistes du monde entier
Connaissances pour les denturistes du monde entier

« Compte tenu de ces chiffres, il est donc crucial de faire le nécessaire pour anticiper ce raz-de-marée inévitable, auquel nous serons incapables de faire face si nous restons dans les conditions actuelles »

Une prise en charge rendue difficile par le manque de soignants

Dans un contexte où les déserts médicaux augmentent chaque année, il est difficile pour les patients ayant besoin de prothèses dentaires de recevoir des soins appropriés. Et les maisons de retraite sont tout autant concernées par ces problématiques de manque de personnel. C’est là que le rôle du denturiste prend tout son sens, car il permet de faciliter la prise en charge des patients au domicile, en maison de retraite ou dans les structures adaptées, et de libérer du temps pour les soins dans les cabinets dentaires surchargés.

Ce professionnel de santé est formé à la prise en charge des patients en plus de son métier initial de prothésiste dentaire. Il s’occupe donc de tout, de la prise d’empreintes à la pose de la prothèse, une fois les soins dentaires effectués. « Il peut amener un certain confort au sein des établissements médicalisés puisqu’il a une possibilité de mobilité, et peut voir en une journée plusieurs patients, en apportant un suivi sur mesure et en étant en rapport direct avec le personnel soignant »,  « C’est la différence majeure avec les chirurgiens-dentistes qui ont des emplois du temps trop chargés pour accorder des créneaux de déplacement. »  De ce fait, les dentistes sont souvent dans l’incapacité d’effectuer les soins de base nécessaires, ce qui laisse de plus en plus de patients sans appareillage dentaire ni suivi dans les zones désertifiées.

« Compte tenu de ces chiffres, il est donc crucial de faire le nécessaire pour anticiper ce raz-de-marée inévitable, auquel nous serons incapables de faire face si nous restons dans les conditions actuelles »

Plus de patients avec l’accès à ces prothèses

Le denturiste relève des métiers des secteurs de la prothèse dentaire et du dentaire, qui comptent respectivement 18 300 actifs sur 3 350 laboratoires et 43 134 chirurgiens-dentistes en France. Un denturiste en activité peut traiter une dizaine de patients par semaine en moyenne, ce qui représente entre 320 et 600 par an. Thierry Supplie a mis en place des formations de denturiste, les premières en France. Le métier existe depuis 75 ans au Canada et a été légalisé depuis 50 ans (1995 aux États-Unis, 2009 Angleterre, en Finlande, Hollande, Suisse…). Grâce à deux sessions annuelles, il serait possible de former 30 personnes chaque année, augmentant ainsi le nombre de patients pouvant être pris en charge : cela représente la possibilité de traiter rapidement de 9000 à 18000 patients dans 1 à 2 ans, avec une évolution permanente.

Les déplacements médicalisés pour le transport des patients chez un dentiste sont par ailleurs très coûteux, et il est parfois difficile de déplacer certains patients. La consommation des transports sanitaires en ambulatoire s’élève à 5,6 Milliards d’euros en 2021, soit 17% d’augmentation, selon les données de la DRESS. Un texte paru au Journal Officiel le 2 septembre dernier annonçait que la prise en charge des transports sanitaires non urgents serait moins bien remboursée par la Sécurité Sociale, augmentant la participation des assurés aux complémentaires santé, qui passerait ainside 30/40% à 45/55%.

Le denturiste représente donc une solution bienvenue pour les patients des Ehpad, mais aussi des personnes contraintes de rester à domicile. Ce nouveau maillon dans la chaîne des soins bucco-dentaires accélère les possibilités de soins dans les secteurs de déserts médicaux. Le denturiste peut mettre en place la prothèse puis procéder au suivi du patient, pour vérifier si elle fonctionne bien et si elle est confortable pour le patient. « C’est un personnel qualifié, avec une compétence unique complémentaire aux deux métiers. »

Le métier de denturiste favorise donc l’accès aux prothèses pour les patients, tout en dynamisera l’emploi en relocalisant une partie de l’activité de fabrication en France diminuant ainsi l’empreinte carbone liée aux importations de prothèses d’importation qui a augmenté significativement en cinq ans, passant de 13,6 milliards à 32,27.

Des conséquences désastreuses au mauvais appareillage avec un risque de santé publique

Actuellement, la population vieillissante est peu ou mal appareillée, notamment dans les maisons de retraite. « En vieillissant, la prothèse ne va plus être adaptée, car la structure osseuse qui supporte la prothèse se modifie et que les soins d’hygiène ne sont pas toujours bien pris en charge, surtout lorsqu’il y a des petits troubles cognitifs », explique la professeure Annick Barthelaix. « Les personnes ne lavent pas forcément leur prothèse, ou ils la perdent car ils l’ont enlevée du fait d’une gêne pour manger. » Mais sans prothèse, les patients ont encore plus de difficultés à s’alimenter, ce qui provoque d’autres troubles, une hausse de la désocialisation et une dégradation de l’état de santé général. « On assiste donc à une augmentation des troubles nutritionnels, et du vieillissement. C’est un cercle vicieux, qui affecte l’espérance de vie. »

Pour faire face à ces enjeux, une des solutions réside dans le développement d’innovations. Avec ses équipes de recherche, la professeure Barthelaix a mis au point une solution, pour laquelle un brevet a été déposé avec le CHU d’Angers. « Pour faire face à la perte de ces prothèses, ainsi qu’au manque d’hygiène, l’idée nous est venue de les équiper d’un micro-dispositif électronique qui permet de les retrouver quand elles sont perdues, mais aussi d’avoir des données concernant l’hygiène, la température du patient et l’aspect nutritionnel », détaille la professeure Annick Barthelaix. « Il sera inséré dans des prothèses existantes ou nouvelles. Demain, nous pourrions peut-être suivre d’autre données de santés comme la survenue d’une infection grâce à un micro-dispositif encore plus innovant. »

Et ces innovations pourraient très rapidement aider des patients. « la professeure Barthelaix met tout en œuvre pour que les denturistes mettent en place ce système de prothèses connectées dans les Ehpad français ».

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Thierry SUPPLIE Formateur
Juin 2019, Conférencier du congrès dentaire Dentiste Expo au palais des expositions porte de Versailles. Septembre 2019 Acceptation de l’enregistrement DPC et mise en place de formations pour chirurgiens-dentistes. Avril 2023 enregistrement de la formation de Denturiste auprès de France Compétences.
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